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Le brochet en lac.
A la fin février, il faut s’inquiéter du déroulement du frai. Si au courant des mois de février, mars et avril, les eaux se réchauffent normalement, c’est à une température d’eau de plus ou moins 9° que le frai du brochet se passera en lac. A cette condition, il se déroulera bien et il est certain que la saison sera prometteuse. Par contre, si celle-ci varie en rechutant en dessous des 8°, le frai sera difficile. Le brochet en sortira malade et certainement stressé. La saison sera pénible, marquée par de longues périodes d’inactivité entrecoupées par des moments de frénésie. Seul, le repos hivernal le remettra en condition.
Après cette première constatation, nous avons été plus loin en recherchant la température idéale pour le pêcher. De notre étude (1995), nous en avons déduit que celle-ci doit être comprise entre 9° et 16°pour que l’activité du brochet soit maximale. Si elle est inférieure, il s’engourdit et réagit lentement. Si elle est supérieure, il digère difficilement et recherche sa température idéale en s’enfonçant dans les profondeurs. Par contre, si elle est dans cette plage, c’est le moment où il faut intensifier les sorties.
La stratification d’un lac.
Au printemps, les eaux d’un lac se réchauffent lentement et ne dépassent pas les 16° avant la fin de celui-ci. Les brochets venus frayer resteront cantonnés près des rives car les eaux en bordure sont à bonne température et le poisson blanc, frayant à son tour, ne manque pas. Cependant au fil des mois, ces eaux se réchauffent. Les gros brochets, les premiers, s’en écartent vers le large. C’est pourquoi les zones et les profondeurs de tenue évoluent également.
En été, les eaux vont se répartir progressivement en trois couches. La première, les eaux chaudes de surface dont la température peut facilement dépasser les 20° est appelée l’épilimnion. Dans cette couche vivent alevins et poissons blancs. L’épaisseur de cette couche sera à son maximum à la fin du mois d’août. La deuxième a une température comprise entre 20° et 6°. Cette couche est appelée la thermocline. La troisième a une température qui se stabilise aux environs des 4°. Elle est appelée l’hypolimnion. Maintenant que nous connaissons l’évolution de la température de l’eau, il nous est facile de deviner ce que fait le brochet en été. La thermocline étant formée, le gros brochet y a élu domicile et s’y déplace sans avoir de repère si bien qu’il peut être partout. Pour se nourrir, si nécessaire, il en sortira et opèrera de véritables raids dans la couche supérieure riche en poissons blancs. Sa pêche devient aléatoire.
Cette photo satellite montre la stratification d’un lac
en été et permet de localiser les zones à brochets.
En automne, une fois l’équinoxe passé, les nuits deviennent plus longues que les jours et les températures sont en chute. Progressivement, les eaux se refroidissent et sous l’action mécanique des vents, les couches d’eau s’uniformisent. Le brochet, à ce moment, suit cette variation de température et remonte des profondeurs en se rapprochant des rives pour vivre normalement fin octobre à une profondeur inférieure à 5 m. L’hiver approchant, le besoin de se nourrir est grand. Le brochet chasse et devient vulnérable pour le pêcheur. En hiver, les eaux refroidissent plus vite en surface qu’en profondeur. Tous les poissons sont en recherche de quelques degrés en plus. C’est en s’enfonçant dans les profondeurs du lac qu’ils les trouvent et passeront l’hiver. C’est là également que le brochet se tient. Devenu avare de ses mouvements, il connaît une activité très ralentie.
Tableau des profondeurs en fonction des saisons.
Proche de la rive | En retrait de la rive | Plus au large | Aux abords des fosses | Dans les fosses | |
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Mars | 0 à 2 m | ||||
Avril | 0 à 3m | ||||
Mai | 1 à 4m | Au tombant des fosses 3 à 5 m |
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Juin | 1 à 4m | Au tombant des fosses 3 à 5 m |
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Juillet-Août | Au tombant des fosses 3 à 5 m |
Dans la thermocline | |||
Septembre-Octobre | 1 à 3m | Au tombant des fosses 3 à 5 m |
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Novembre | 1 à 3m | Au tombant des fosses 3 à 5 m |
A 1 m du fond | ||
Décembre | Sur le fond |
Nous avons établi ces constations sur des grands lacs naturels irlandais ayant des profondeurs atteignant les 20 m.
En résumé, nous le rechercherons :
La pêche en lac et ses techniques.
Pour réussir dans ce milieu, il est nécessaire d’avoir une bonne connaissance de la tenue du brochet ainsi que des appâts ou leurres à utiliser en fonction du moment. C’est en bateau que nous développons nos modes de pêche : traîne, lancer ramener et mort manié.
Pêche à la traîne.
Toute partie de pêche doit débuter par une pêche à la traîne à une ligne simple et ceci en suivant les cassures de fond. Le but essentiel étant de localiser les brochets et de juger de leur agressivité. Ils peuvent se trouver soit à postes fixes, (appelés aussi postes saisonniers car ils en changeront au fil de la saison) ou sur des postes de chasse fréquentés à différents moments de la journée. Ce sont ces postes qui sont intéressants à pêcher au moment fort de la journée.
La traîne au poisson mort.
Si la température de l’eau est inférieure à dix degrés, il est préférable de pratiquer une pêche à la traîne lente (2 à 3 nœuds) aux appâts naturels. Les appâts utilisés sont des gardons, des rotengles ou des hybrides de 15 à 20 cm.
Comment faisons-nous ?
Les yeux sur les sondeurs, barre franche en main et canne en main droite, la traîne est lancée à tribord distance 20 m pour ma partenaire et à bâbord 12 m pour moi, ceci permettant de pêcher des profondeurs différentes. Durant cette prospection menée de façon silencieuse, nous manions nos appâts par de tirées horizontales tandis que notre bateau suit une trajectoire sinusoïdale préétablie, cela permettant de couvrir un maximum de terrain. Très souvent, ceci se termine rapidement par des attaques brutales.
La traîne au poisson nageur.
Lorsque les eaux se réchauffent et dépassent les 12°, c’est la pêche au poisson nageur qui est conseillée. Pour cela, il est utile d’avoir des leurres au profil proche du poisson fourrage et ayant une nage parfaite.
Il reste ensuite à associer la bonne teinte. Après des années de pêche, il a été remarqué que certaines teintes revenaient quel que soit le modèle utilisé : le vert, le bleu et l’orange. L’explication, nous l’avons trouvée dans la propagation de la lumière à travers l’eau. Monsieur Jan Olsson, un maître en matière de pêche, nous en parle dans son magnifique ouvrage « La pêche à la traîne » dont nous recommandons la lecture. Voici ce qu’il nous dit : "L’eau absorbe les ondes lumineuses jusqu’à une certaine profondeur. Les rayons du soleil atteignent au maximum 200 mètres de profondeur. Le rouge, le violet et l’orange sont les premières couleurs à disparaître lorsqu’on s’enfonce, le rouge n’étant plus perçu dans certaines eaux dès 3 ou 4 mètres de profondeur, même par grand soleil. Le bleu, le vert et le vert fluorescent pénètrent à une profondeur environ 10 fois supérieure à celle du rouge, en eaux claires et aux heures les plus lumineuses…"
De ceci, il faut retenir que le brochet perçoit le vert et le bleu de façon vive. Certainement agressé et énervé par les flashs de ces couleurs, il attaque par agressivité de façon violente.
Parmi les couleurs présentées par la firme Rapala, il est conseillé :
Comment faisons-nous ?
Nous la pratiquons comme celle au poisson mort mais de façon plus bruyante. La vitesse est réglée par la vibration du poisson nageur. C’est pourquoi nous traînons toujours les mêmes types de leurres en faisant varier les teintes et les distances de traîne. En fonction de l’agressivité, nous augmentons progressivement la vitesse.
La traîne au leurre souple.
Lorsque les conditions de pêche sont réunies pour la recherche d’un grand brochet en lac profond, c’est aux gros leurres souples qu’il faut le traquer en utilisant des leurres qui sont à la fois figuratifs et vibrants.
Comment faisons-nous ?
Nous les traînons lentement en les maniant par de amples tirées et aussi parfois en marquant de légères accélérations. Ce mode de pêche est une traque au gros brochet.
La traîne au Bull Dawg ou similaires.
C’est la firme américaine Muskie qui a inventé et mis au point ce leurre souple particulièrement prenant. Sa nage naturelle ainsi que son positionnement dans l’eau nous ont séduits. C’est aux Pays-Bas et en suite en Irlande que nous avons testé cet étonnant leurre souple. Aujourd’hui, ces leurres font partie de nos leurres de base.
Comment faisons-nous ?
Nous les utilisons au printemps et en été lorsque les brochets sont en action le long des roselières. Comme décrit précédemment, nous les traînons en les maniant par de amples tirées. Les attaques peuvent être franches ou délicates marquées par de simples tenues. Dans le doute, nous ferrons.
La traîne à la cuiller ondulante.
Lorsque que rien ne va, cela est de plus en plus courant. La pêche à la cuiller ondulante est une bonne alternative. Pour cela, il existe deux types de cuillers, les oblongues et ondulées pour les profondeurs et les grandes palettes larges et bombées pour le reste. Ces cuillers sont sélectionnées suivant quatre critères : dimensions, poids, effet planant et teintes holographiques.
Comment faisons-nous ?
Pour les cassures, nous utilisons les larges palettes dont les poids varient de 50 g à 100 g. Ces cuillers sont également fortement armées et prolongées par un gros twist rouge. Nous les traînons lentement à dix mètres du bateau et les manions par de larges tirées suivies de relâchés. L’attaque est violente. C’est une pêche qui demande de la patience et de la concentration.
Pour prospecter les fosses, nous utilisons des cuillers ondulantes oblongues très pénétrantes dans l’eau, le poids ne dépassant pas les cinquante grammes. Ces cuillers sont armées d’un triple 2/0 garnies d’un twist rouge. Après les avoir laissées descendre sur le fond, nous les remontons d’un mètre. Lentement, nous les traînons en relevant et baissant obliquement nos cannes.
Nous choisissons nos leurres chez Rapala, Spro, Biwaa, Westin, Savage Gear ainsi que Strike Pro.
Pêche au mort manié.
La difficulté de la pêche au mort manié est de savoir situer les brochets. Comme déjà dit, il y a deux types de brochets. Ceux positionnés à postes fixes et les autres venant chasser en groupe à certains moments de la journée sur des postes précis. La traîne renseigne ces endroits. En fin de journée, il est conseillé de revenir sur ces postes.
Comment procédons-nous ?
Nous faisons très attention à l’approche qui doit être la plus discrète possible. Pour cela, nous nous positionnons toujours face à la place à prospecter, loin d’elle et vent dans le dos. Nous ancrons et laissons dériver lentement le bateau. A vingt mètres du poste, nous pêchons en utilisant des poissons de plus de 15 cm de long montés sur des montures à plombage intérieur allant jusque 12 grammes maximum, ceci dépendant du vent et des vagues. L’action de pêche est simple. Après avoir lancé, nous ramenons lentement en faisant planer le poisson. Si les brochets sont présents, les attaques sont immédiates.
A défaut de poissons morts, la pêche avec des leurres figuratifs (anguilles, truites, brochetons, perches, …) est aussi prenante et permet d’augmenter le nombre de prises dans les moments de frénésie.
Pêche en dérive.
Que ce soit au flotteur dérivant ou à la tirette, ces techniques se pratiquent en bateau. Les cannes utilisées ont une longueur de 3,60 mètres, une action semi-parabolique ainsi qu’une puissance de 60-80 grammes.
Dérive au flotteur.
Comment faisons-nous ?
Nous utilisons suivant la force du vent des flotteurs coulissants en mousse de 7 g et 10 g que nous plombons à 4 g et 7g. Lestés ainsi, le mouvement des vagues anime déjà l’appât. La première façon de monter la ligne est classique. Après avoir enfilé le flotteur, le plomb, la perle en caoutchouc et fixé l’émerillon agrafe, nous attachons soixante centimètres en fluorocarbonne. Nous terminons par un câble en métal line armé de deux triples n°2 montés en série à une distance de six centimètres. Les appâts utilisés sont des gardons de quinze centimètres. Avec une aiguille, nous enfilons l’ensemble. Les hameçons sont fixés sur le flanc du poisson. La profondeur de pêche est donnée par l’échosondage qui renseigne celle du poisson fourrage, généralement 3m à 5 m. La technique de pêche est simple. Après avoir placé le bateau de travers dans le vent, nous laissons dériver et lançons nos lignes face au vent. A partir de quinze mètres, nous commençons à récupérer nos appâts par de faibles tirées entrecoupées d’arrêts bien marqués. Une fois proche du bateau, nous faisons dandiner nos poissons morts en marquant également des temps d’arrêt. Il est fréquent qu’un brochet suive l’appât ou soit venu se poster en vue de l’attaquer. L’attaque n’est pas brutale. Le brochet vient prendre le poisson en perdition. Une fois en bouche, il marque un temps d’arrêt. Moulin ouvert, nous le laissons partir quelques mètres et le ferrons énergiquement. Piqué dans la gueule, il pourra être remis à l’eau sans grand dommage.
Une deuxième façon de monter la ligne est peu classique. Elle est destinée à des brochets difficiles posés sur le fond. Celle-ci se différencie de la première par le plombage que nous glissons à l’intérieur du poisson. La ligne se compose d’un flotteur, d’une agrafe, de soixante centimètres de fluorocarbone et d’un câble en métal line sur lequel nous enfilons une olive allongée de 4 à 7 grammes et terminons par un triple n°1. Les appâts utilisés sont des gardons de 15 à 18 centimètres. Le câble est passé au moyen d’une aiguille à enfiler par la gueule et ressort à la queue. L’olive est glissée à l’intérieur du poisson et le triple dans la gueule. Monté de la sorte, le poisson repique toujours vers le fond. L’action de pêche est simple. Elle consiste à dandiner par de amples tirées le poisson au-dessus du fond. A l’attaque, nous rendons la main et ferrons. Cette méthode est inspirée de la tirette irlandaise.
Tirette irlandaise.
Lorsque le vent est fort, les bordures des lacs s’enrichissent de sédiments et de nourriture recherchée par les gardons qui en profitent pour se nourrir. Cette concentration momentanée de poissons blancs attire les brochets. Afin d’être proche d’un de ces poissons se nourrissant sur le fond, le pêcheur irlandais enfile un gardon par la gueule en glissant à l’intérieur de celui-ci une olive allongée, le triple étant glissé dans la gueule. Monté de la sorte, il le lance vers le large et laisse dériver le flotteur vers le bord. Poussé par le vent, le tressautement du flotteur anime le poisson mort qui devient prenant.
Tirette au-dessus du fond.
C’est une méthode discrète et efficace destinée aux brochets devenus peu actifs et posés sur le fond. La ligne se compose d’un émerillon pater noster, d’un plomb olive de 10 à 15 grammes fixé à un des œillets, d’un câble de 60 cm en fluorocarbone se terminant par une pointe en métal line et par une monture JPK armée de deux triples n°2. Cette monture décolle le poisson mort du fond et permet une animation lente. L’action consiste à faire glisser l’appât sur le fond en marquant des temps d’arrêt. Nous prospectons ainsi les fosses. L’attaque est généralement discrète.
Pêche du brochet au jerk.
Cette pêche nous est venue des Etats-Unis et est fortement pratiquée en Suède ainsi qu’aux Pays-Bas. C’est actuellement la pêche moderne du brochet. Pour la pratiquer, on utilise des jerks. Ce sont des gros poissons nageurs sans bavette lestés dans la partie ventrale. Ces leurres émettent de fortes vibrations et se récupèrent lentement. Ils vont de 50 à 100 g et sollicitent fortement le matériel. C’est pourquoi il est conseillé d’utiliser des cannes de casting de puissance 50-100g munies de très solides moulins à tambours tournant garnis de tresse 24/100e. L’utilisation d’une tresse plus fine est à déconseiller car elle s’usera rapidement et cassera. A défaut de ce matériel, il est possible d’utiliser des cannes plus courtes destinées au spinning mais il faut savoir que celles-ci seront fortement sollicitées et s’abîmeront. Les jerks utilisés sont de chez Rapala, Westin et Savage Gear. Le montage de la ligne est particulier car celle-ci se termine par un bas de ligne rigide en 100/e en fluorocarbone d’une longueur de 30 cm. Le but de celui-ci est d’éviter que les hameçons viennent s’emmêler sur la ligne lors du maniement. Ce bas de ligne peut également être en acier mais pour son manque de discrétion, il est déconseillé. L’action de pêche est très sportive et demande de l’entraînement. Elle consiste à faire glisser le leurre en donnant des coups de scion. Une fois à l’eau, le jerk se positionne verticalement et coule. En moulinant, il prend une nage sinusoïdale. En donnant un premier coup de scion vers le bas, il fait un écart. Un second coup le fait glisser dans l’autre sens. A partir de là, nous moulinons quelques tours et poursuivons ainsi de suite en faisant nager notre leurre suivant notre propre désir. La prospection de la zone de pêche se fait en éventail de la droite vers la gauche. Si celle-ci est profonde, elle se fera à plusieurs étages d’eau, premier passage en dessous de la surface, deuxième passage deux mètres plus bas. Cette pêche est une traque au gros brochet par excellence qui demande de la patience ainsi qu’une parfaite connaissance de la tenue du brochet.