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Le brochet en canal et polder hollandais.
Les vieux canaux sont des ouvrages d’art construits à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle. Ils servaient au transport des marchandises vers les villes. Depuis la fin de la dernière guerre, ils furent progressivement délaissés par l’homme au profit de nouveaux canaux et du chemin de fer plus rapide. Abandonnés, ils se comblèrent rapidement et bons nombres disparurent. Cependant quelques-uns échappèrent à ce triste désastre et furent entretenus. Aujourd’hui, ce sont de véritables havres de paix et sont devenus des refuges naturels où la faune, la flore et l’homme trouvent leur place et bonheur. Les rubaniers, joncs, carex et nénuphars s’y sont rapidement développés et ceci au grand bonheur des poissons : gardons, brèmes, tanches, anguilles, carpes, perches et brochets qui, dans ces eaux calmes et stables, ne firent que croître. Il est encore possible d’observer dans une trouée de nénuphars de nombreux poissons et parfois un brochet à l’affût prêt à se lancer sur le menu fretin ou petits mammifères pouvant y passer.
Les grands canaux sont des voies d’eau rectilignes, larges et profondes. Les berges sont enrochées ou bétonnées. La vie piscicole s’est également développée. Les brochets remis par l’homme y vivent de façon nomade. N’ayant pas de repère, ils s’y déplacent en s’arrêtant aux abords des ouvrages : embarcadères, piles de pont ou écluses. Incapables de s’y reproduire, il est nécessaire de rempoissonner chaque année en brochetons si on désire garder sa présence.
Les polders hollandais sont des terres regagnées par l’homme sur la mer. Elles sont endiguées et drainées par de petits canaux dont la profondeur ne dépasse pas deux mètres. Ceux-ci ont été mis en valeur par une importante plantation de roseaux et de plantes halophiles dont le but est également d’assécher. Le premier fut créé à la pioche et à la pelle en 1612 par Jan Leeghwater à Beemster. Aujourd’hui, ils représentent un patrimoine d’une grande valeur naturelle et esthétique. Riches en poissons blancs, ils constituent un véritable paradis pour les pêcheurs et notamment pour la pêche du brochet qui est un must pour ceux qui la pratiquent. La collaboration entre les mouvements écologiques, fermiers et fédérations de pêcheurs hollandais contribuent à leur sauvegarde.
Le saviez-vous : Avec ses rivières, fleuves, lacs, canaux, les Pays-Bas ne comptent pas moins de trois cent cinquante mille hectares de zones de pêche poissonneuses. Près de deux millions de personnes y pratiquent régulièrement la pêche sportive. Ce qui représente dix pourcents de la population. C’est l’activité extérieure la plus répandue que pratiquent notamment cinq cent cinquante mille jeunes, ce qui classe ce pays à la cinquième place européenne après les quatre pays scandinaves. Avec sept cent millions d’euros de chiffre d’affaire, la pêche sportive est jugée comme une activité économique importante. Son poisson emblématique est le brochet. Si vous désirez en savoir plus, nous vous conseillons de consulter le site hollandais : www.sportvisserijnederland.nl.
Pêche en canal.
Un canal est un milieu artificiel aux berges rectilignes, dépourvu de repères et de postes de chasse pour un brochet. Dans ces eaux, il vit en nomade en changeant fréquemment de place. L’été est la saison où il est le plus difficile à trouver. Il peut prendre poste et se faire remarquer durant quelques jours auprès d’une pile de pont ou s’oxygéner auprès d’une écluse mais il n’y restera pas. Il peut également lors d’un de ses déplacements, prendre poste en pleine eau là où on n’y pense pas. Difficile à localiser et à prendre à ce moment, nous ne le pêchons pas. Sa pêche est beaucoup trop aléatoire. En arrière-saison et en hiver, lorsque le poisson blanc s’est regroupé, les brochets s’en rapprochent et vivent ensemble en suivant les bancs qui se déplacent en fonction des contraintes alimentaires ou climatiques. Cette cohabitation est hiérarchisée par la taille, les plus gros vivant largement en retrait des plus jeunes ainsi que du banc. C’est à ce moment qu’il faut pêcher. Cette pêche n’est pas simple. Lors d’une journée, le pêcheur doit sans cesse réfléchir afin de savoir quels sont les secteurs favorables, trouver le poisson blanc et le mode de pêche qui déclenchera la première attaque, très souvent suivie par d’autres. Pour l’aider dans cette recherche, l’utilisation d’un sondeur à basse fréquence est indispensable. Chaque indice sera interprété. Une fois trouvé, le pêcheur insistera sur ces endroits et jouera essentiellement sur l’agressivité du brochet en utilisant des leurres de couleurs flashs qui sont des associations de vert, de bleu, de rouge, d’orange et de jaune fluo particulièrement efficaces sur les fonds vaseux.
Pêche en polder.
Ce qui est atypique dans les polders, c’est que ces canaux communiquent tous entre eux par des systèmes de tuyaux ou de fossés que les poissons peuvent facilement franchir. Au fil des saisons comme le dit le proverbe hollandais : « En été à la campagne et l’hiver en ville », il est fréquent que le brochet change de lieu ou de canal. En fait, jusqu’aux premiers refroidissements et gelées, le brochet trouve facilement son poste et de quoi se nourrir. Il reste jusque-là cantonné sur un secteur. En hiver, le poisson blanc ayant difficile de trouver sa nourriture remonte vers les endroits où les eaux sont plus chaudes et riches en nourriture. Les brochets en font de même en suivant les bancs formés. Là est la difficulté pour le pêcheur. Une variation de température, un changement de direction du vent, une forte dépression… ont pour conséquence de voir le poisson quitter un poste ou un canal pour un autre. Ce phénomène rend la pêche du brochet passionnante car le pêcheur doit être capable de comprendre ces mouvements et de retrouver le poisson. Dans ces conditions, que ce soit en bateau ou à pied, il faut pêcher vite en prospectant un maximum d’endroits avec des techniques et des leurres efficaces. Cette pêche devient un sport pour beaucoup de pêcheurs car elle demande du mental ainsi qu’une bonne condition physique.